Moins connue que d'autres grandes abbayes cisterciennes de la région, en raison de la disparition à l'époque contemporaine d'un grand nombre de bâtiments monastiques, Signy pose en termes très actuels des problèmes de sauvegarde : sauvegarde de la mémoire dans un haut-lieu de la pensée médiévale, auquel est directement associé le souvenir de Guillaume de Saint-Thierry, sauvegarde d'un espace caractéristique de l'organisation domaniale cistercienne dans une région qui pourrait devenir un conservatoire de paysages et de savoir-faire...
Léon PRESSOUYRE
Vice-président de la Sorbonne
L'abbaye cistercienne de Signy, aux pages glorieuses, née il y a plus de 800 ans, n'est plus hélas depuis deux siècles ! Les Hommes ont parfois cette conviction misérable qu'il faut détruire pour mieux créer ! Mais... il reste en fait de ses pierres, de ses objets et du «génie civil» de ses moines, bien plus qu'on ne l'aurait imaginé... La plate-forme artificielle de terre levée dès le XIIe siècle, entre rivière et rayère, pour l'implantation des bâtiments conventuels pourrait par exemple facilement bénéficier, pour le meilleur profit émotionnel, intellectuel et économique des signaciens, et naturellement l'intérêt des visiteurs, d'un aménagement agréable accompagné bien sûr d'explications circonstanciées ; cette promenade pourrait d'ailleurs se prolonger jusqu'au moulin de Librecy en amont et à la forge du Hurtault en aval. L'Abbaye et l'œuvre de ses fondateurs et de ses occupants successifs seraient ainsi sauvées du pitoyable oubli qui est en train de s'installer...
Yves COPPENS Membre de l'Institut Professeur au Collège de France