Septembre 1944, la Libération, enfin ! Enthousiasme et allégresse des Ardennais qui retrouvent leur liberté au bout de quatre années d'occupation allemande - la troisième pour les plus anciens qui ont connu celle de 1870-1873, la deuxième pour ceux, plus nombreux, qui ont vécu celle de 1914-1918. Cinquante ans après, on commémore l'événement. C'est normal. Comment ne pas fêter ce radieux été 1944 qui a été, et demeurera dans la mémoire collective, celui de la Libération ? N'est-il pas significatif, note René Rémond, que le mot s'écrive toujours avec une majuscule qui le solennise ? Ne pas fêter 1944, ce serait oublier ce fait majeur que souligne le même historien : La très grande majorité des Français a connu alors un moment rare dans l'existence d'un peuple où il a le sentiment de communier dans un élan collectif que les générations ne connaissent pas toutes.
Commémorer donc, mais surtout se remémorer. Car il ne faut pas oublier que la Libération n'a été que parce que l'Occupation fut, pour reprendre les propos du journaliste Bertrand Le Gendre. Et si l'Occupation fut, c'est parce que la France avait connu, au printemps 1940, un effondrement militaire et politique sans précédent dans son histoire.