Plusieurs de mes amis m'ont demandé de réunir les pièces qui se rapportent au procès des cultivateurs de Cheveuges et d'en faire une petite brochure. J'ai d'abord refusé, ayant été toute ma vie maréchal-ferrant de mon village, je ne suis guère compétent pour tourner des phrases mais ils ont tellement insisté en me faisant remarquer que ce recueil n'aurait pour lecteurs que des paysans des Ardennes, qui ne sont guère plus instruits que moi et que s'il est rempli de fautes ils n'y verront rien, que j'ai fini par essayer. Et puis j'ai pensé que les enfants de mes amis, qui prennent aujourd'hui tant de plaisir à me taquiner, m'oublieront vite et que peut-être, si quelques-uns d'entre eux conservent ce petit recueil, en leur rappelant plus tard quelques épisodes de leur enfance se ressouviendront-ils d'un vieux drôle de bonhomme qui les aimait bien et qui, en défendant les intérêts agricoles, songeait à leur avenir. La question des dégâts causés aux récoltes par le gibier est très importante et il est difficile d'obtenir une solution. Je vais exposer ce procès en suivant autant que possible l'ordre chronologique