"Ils" rentrent... "Ils" sont rentrés...
Par mille moyens, rocambolesques parfois, au prix de mille ruses, "ils" ont franchi la frontière de la zone interdite, pour fouler de nouveau le sol natal et retrouver la cité meurtrie.
"Ils" ont quitté le pays du refuge, - pays d'abondance et de paix -, pour celui de l'incertitude et des privations, des vexations aussi, mais c'était leur pays.
"Ils" rentrent dans leurs maisons pillées, avec les pauvres hardes qu'ils ont sauvées et emportées en cette nuit du 10 mai, ou sous le soleil cruellement radieux de ce printemps 40, quand "ils" ont été jetés sur les routes, sous la mitraille des Stukas aux sirènes hurlantes, la peur au ventre...
"Il" est rentré...
"Il" était bon, sensible et généreux, - modeste aussi.
"Il" les a accueillis, pris en charge, nourris.
"Il" a déployé des trésors de diplomatie pour fléchir l'occupant dur et arrogant.
Tout simplement parce qu'il aimait son Sedan par-dessus tout, "II" a écrit, écrit, dit ses luttes, martelé ses rancœurs, clamé ses victoires, avoué son découragement parfois.
Il” s'appelait Arsène BERTRAND