Pour Paul Lacroix, le peuple français du XVIIIe siècle n'est pas une référence mythique, mais une réalité vivante, multiple et nuancée.
Il se divise « en plusieurs classes ou catégories, bien distinctes entre elles ; le peuple de Paris., le peuple des villes de province, et le peuple des campagnes » ; ce qui implique donc « des moeurs différentes, des besoins différents et des sentiments contradictoires. »
Pour étayer ses propos, l'auteur cite les témoignages d'illustres contemporains, particulièrement contrastés : Massillon défend devant Louis XIV, dans la chapelle de Versailles, « les pauvres et les malheureux » ; Vauban à sa suite, dans sa « Dixme Royale », plaide la cause de ce peuple, « qui fait les gros et menus ouvrages de la campagne et des villes » ; et Duclos, saisi d'enthousiasme, déclare que « le Français est l'enfant de l'Europe ». Mais, par contre, Voltaire témoin de certaines émeutes sauvages, écrit à son ami Damilaville : « Quand le peuple se mêle de raisonner, tout est perdu. »; Mirabeau, plus frivole, s'étonne de l'élégance du premier arçon de son bourrelier et Restif de la Bretonne écrit que : « L'espèce humaine, réunie en grand nombre, se corrompt à la campagne presque autant qu'à la ville. » Ce peuple, apparemment si éloigné de nous dans le temps, nous semble, après la lecture du livret de Paul Lacroix, très proche et très familier