Henri-Claude Tardif arrive dans les Ardennes en juillet 1942, comme directeur du chantier forestier ouvert à Vendresse par la Société des Mines de Lens, pour y accueillir des chômeurs du Nord qui évitent ainsi d'être requis pour travailler en Allemagne nazie; l'instauration du Service du travail obligatoire au printemps 1943 provoque une importante augmentation de l'effectif du chantier. Pour Tardif, ces travailleurs doivent être formés et préparés pour participer au jour J à la libération de la région de Charleville-Mézières-Sedan. Le maquis naît ainsi, avec la création d'une école de cadres à Omicourt, village proche de Vendresse, où une trentaine de jeunes sélectionnés suivent des cours pour devenir chefs de groupe. Le 20 septembre 1943, une dénonciation anéantit le maquis et provoque la déportation de six hommes, dont celle de Tardif qui, seul, survit à l'enfer concentrationnaire. Parmi ses cinq camarades, quatre meurent dans les camps, le cinquième décède des suites de sa déportation au début de 1947.
Les archives personnelles d'Henri Tardif, de nombreux fonds d'archives publiques, des témoignages publiés par des contemporains, des journaux, permettent de reconstituer l'histoire du maquis de Vendresse - Omicourt, et le tragique destin de ces résistants jusqu'à présent méconnus, d'autant que les pierres chargées de conserver leur souvenir dans le village traduisent une mémoire passablement brouillée.
L'auteur
Agnès Tisserand est agrégée d'histoire, archiviste-paléographe, et conservatrice des bibliothèques.