La tenderie aux grives est une technique de piégeage traditionnelle se pratiquant exclusivement sur le plateau ardennais, au nord de Charleville-Mézières, dans la pointe de Givet. Les conditions climatiques, en octobre-novembre (période de migration des turdidés), font de cette région un piège écologique dont le piège humain ne serait que le prolongement.
Les tendeurs opèrent « à terre » ou « à la branche » au moyen de collets en crin de cheval dont la façon est strictement réglementée par des arrêtés préfectoraux, afin d'éviter la capture d'espèces considérées comme du gibier (faisan, gélinotte, bécasse, etc.). Alors que le piège à terre (hayette) ne nécessite aucun appât, le piège à l'arbre (pliette) est amorcé avec des baies de sorbier dont l'approvisionnement procède d'une économie de troc.
Les tendeurs constituent un milieu fermé, relativement homogène dans sa composition sociale et ses origines ethniques, individuel ou au mieux familial dans ses activités, à haute compétition interne. La rétention du savoir-faire et du savoir-dire, les secrets qui entourent la pratique et la rareté délibérément entretenue qui marque la circulation des grives, semblent affermir le pouvoir des tendeurs, par ailleurs fondé sur la forte demande locale en grives. La tenderie semble contrôlée par un réseau familial dont le pôle est constitué par les alliés et maternels du tendeur qui lui délèguent le pouvoir technique de capture des grives, mais sur la circulation et la distribution desquelles ils conservent un droit de regard et de préemption.