Ici, les villages sont minuscules et tellement éloignés les uns des autres que chaque visite chez le voisin ressemble à une expédition. Ici , les seules fumées que l'on croise sortent des cheminées basses sous lesquelles ronflent des feux de bûches, montent des fumiers toujours gras ou auréolent les naseaux des bœufs à la tâche. Ici, les seuls bruits entendus sont ceux des pas sur la neige, des arbres qui craquent sous le vent, des cœurs qui battent et souffrent sous l'effort, des pierres qui peaufinent les faux pour l'été, des marteaux qui sculptent les fers des chevaux. Les villageois sont très souvent méfiants , ils n'aiment guère que l'on vienne interrompre leurs saisons. Comme tout amoureux, Marc Paygnard a très vite compris qu'il se devait d'être patient et discret. De se rendre invisible pour se faire accepter. S'il avait montré la moindre fougue, aucune des images présentes dans ce livre n'aurait jamais connu le jour. Jamais ses mots n'auraient traduit avec une telle justesse ce qu'était le quotidien de ces gens aujourd'hui quasiment disparus. Les plus jeunes d'entre les lecteurs croiront peut-être que ces habits , ces gueules, ces outils et ces fêtes nous viennent du Moyen-Age et sont porteurs de nostalgie.