Ce livre décrit trois cents années de la vie du ban de Lierneux, un important groupe de villages situés à proximité des sources de la Lienne et dont la première mention écrite remonte à 670.
L’histoire de la mayeurie de Lierneux, la plus importante de cette vallée de Lienne, couvre aussi celle d’une nuée de villages et bourgs, proches ou lointains, avec lesquels elle noua des relations constantes.
Chronique d’une terre, certes, mais qui au travers du particulier voudrait atteindre à une dimension plus régionale, celle de l’Ardenne.
L’Ardenne, vaste tissu de forêts, veinée de vallées pareilles à celle-ci, un peu à l’étroit en son domaine wallon et débordant ses frontières.
Mais bruyante ou patiente, l’histoire des hommes ici l’emporte. Marchands lancés sur les routes de Bourgogne, artisans en leur village, chanoines assis en leur Chapitre mosan, paysans en leurs sartages, bergers en transhumance, nous les verrons s’unir ou s’opposer au gré des circonstances. Cette histoire est celle des lentes offensives paysannes et des sourdes résistances seigneuriales. Ces Ardennais, nous connaîtrons leur manière de bâtir, de manger, de se vêtir. Nous apprendrons leurs jeux, ceux de tous les jours, ceux de l’amour et de la mort.
Un récit minutieux, précis, mais la couleur d’une étoffe y jette quelquefois un reflet tendre. Un rire étouffé, une colère éclatée en trouble parfois la stricte relation objective.
C’est l’histoire d’une Ardenne âpre et quotidienne, de ses Abbés, seigneurs, curés, paysans et artisans, mais aussi celle de la terre, de ses moissons, de ses fenaisons, forêts et troupeaux. Traversant les guerres et les bûchers, frôlant les loups et les maladies ; livrés à la misère, à la violence ou à l’aisance, que de lignages patiemment édifiés et aussitôt renversés ! Les d’Huart, mayeurs héréditaires, les de Waha, châtelains à Wanne, les Walrant du Sart, notaire et notables ; le sage Antoine Renard, le coléreux mayeur Chalon, éleveur de moutons, Jean Pacqueau, le mauvais garçons de Hierlot ; Lacas, le sorcier aux allures troubles. Et tant d’autres que la fortune balayera ou élèvera.
