Debout Frères de Misère est l'histoire à la fois pathétique et hurlante de vérité d'une famille ouvrière de Nouzonville (Ardennes) au début de ce siècle jusqu'à la guerre de 1914.
La pâte du livre, c'est la narration sans fards, sans fadaises, de la vie familiale et locale, dans ce qu'on a appelé «Le Creusot ardennais ».
Au centre : la tribu MALICET: le père et tous ses fils qui, « du matin au soir, d'une nuit à l'autre, barbouillés d'huile et de suie, manches retroussées, poitrail fumant, arrachent leur vie à la forge ».
Autour de la splendide figure de PATER ROBOAM, le patriarche qui mène la « Citoyenne », la Société de gymnastique — maillots blancs, culottes blanches et ceintures rouges — aux seuls triomphes autorisés alors pour les pauvres, des visages se pressent émouvants ou haïssables : JULES qui le premier partira au rendez-vous de la mort, le petit PEDRO, DOUDOUX, L'ONCLE VICTOR qui mène le sabbat à la SainteMarguerite et à la Saint Elol, M. GIGNAC, le médecin des pauvres, l'ignobleVEYRIER, l'homme de « la commande du Tonkin »...
Avant la tempête de Charleroi, où MALICET perdra tous les siens, c'est l'évocation de ce soir de 1909 où les rues commencent à sentir le salpêtre, où la Vallée Rouge se dresse unanime, masses compactes de casquettes à visière de cuir, hommes, femmes,enfants, mains crispées, bâtons, bouches tordues, et sur le tout un drapeau noir énorme accroché au sommet d'un mat face à la charge des cavaliers deSedan, dans le soir rouge.
Peu de témoignages ont exprimé avec plus de sincérité de simple grandeur, la condition ouvrière, non pas seulement celle du début du siècle, mais celle de tous les temps.