Classée type 4, «risque Seveso», l'usine est une véritable bombe au milieu de la ville. Spoliés, humiliés par des groupes industriels sans foi ni loi, les 153 se réfugient dans leur usine comme dans un bunker pour y mener une lutte sans merci contre l'abandon et l'indifférence. Le dos au mur, oubliés de tous au fond de la pointe ardennaise déchirée par la désindustrialisation, ils menacent de tout faire sauter. Le 17 juillet, ils passent à l'action et font couler l'acide.
Militant syndical expérimenté, Christian Larose nous livre ici son carnet de bord et nous fait revivre, jour après jour, la dureté et la brutalité de ce conflit qu'il a vécu de l'intérieur. Traçant le portrait des Cellatex, il nous fait partager leurs incertitudes et leur détermination, leurs angoisses et leurs aspirations. Il nous fait assister en ligne directe aux négociations avec la ministre du travail, Martine Aubry. Il nous livre aussi ses impressions, ses certitudes et ses doutes. Abondamment documenté, ce livre est le récit chaleureux d'une désespérance qui conduit à la lutte et la solidarité. Il va sans dire que la lutte des Cellatex s'inscrit pleinement dans l'histoire d'un mouvement ouvrier où le combat pour la dignité et pour le droit à l'existence, est une constante. Ce livre est l'histoire d'une révolte ouvrière qui sent le souffre mais qui a l'odeur de l'avenir.