Au XIIIe siècle, au milieu des parlers picard, wallon et lorrain, tous dérivés du latin, de son plein gré, sans aucune pression politique, bien avant tout le sud de la France, alors que féodalement la Wallonie (sauf Tournai) dépendait de l'Empire germanique, elle choisit comme langue le français d'Ile-de-France, la langue de Paris et du roi : « la parleure la plus délectable et la plus commune à toutes gens », disait au XIIIe siècle, l'italien Brunetto Latini, le maître du Dante. C'est le fait capital de l'histoire de la Wallonie. « Depuis le XIIIe siècle, entre la Wallonie et la France, sur le plan intellectuel, il n'existe aucune frontière. Possédant, depuis des siècles, le français comme langue de culture, les Wallons ont profité de sa fortune prodigieuse, de son prestige incomparable, de son rayonnement immense dans le monde. Ils ont pu jouir pleinement d'un des plus riches patrimoines... qui soit. » (Félix Rousseau.)
Après la chute de l'Empire romain en 476, nos ancêtres se qualifient du beau nom de Romanus (d'où la Romance terre » du Luxembourg, le "Roman pays de Brabant », Nivelles). A partir du XVe siècle, le terme Wallon apparaît dans les textes. C'est un très vieux mot d'origine germanique, qui resurgit après d'obscurs cheminements et par lequel les Germains d'avant notre ère désignaient un peuple celte voisin, les Volques. Du XVe au XVIIIe siècle, le mot Wallon, pour des raisons diverses, a pris en Europe un sens spécial : le Wallon est un français hors de France, un habitant du sud des Pays-Bas espagnols puis autrichiens, ayant le français comme langue maternelle. Au XIXe siècle (1844), le namurois J. Grangagnage invente un néologisme qui a fait fortune : la Wallonie, qui désormais remplace l'appellation traditionnelle de pays wallon.
Pendant deux millénaires, les arts ont fleuri sur la terre wallonne, d'une manière variable, tantôt donnant, tantôt recevant. Voici quelques exemples parmi tant d'autres. Aux temps romains, une école de sculpteurs probablement locaux s'épanouit à Arlon (stèles funéraires au musée). Une des époques les plus remarquables va du Xe au XIIe siècle, où, dans la Meuse moyenne (entre Verdun et Maastricht) resplendit parfois très loin, notamment une école d'architectes, de sculpteurs, d'orfèvres et d'artisans du métal. « Il n'y eut guère [alors] en Europe occidentale, écrit l'historien français Lucien Febvre, de foyer d'art plus brillant que le foyer mosan. »
D'autre part, sur l'Escaut, Tournai, ville royale depuis le roi Philippe-Auguste, est un centre d'art de première importance, et pendant plusieurs siècles la « porte ouverte » de l'art français vers le nord et l'est.
Étudier les aspects les plus variés de l'art et de l'histoire de la Wallonie, en se préoccupant surtout des hommes, et en lui restituant son originalité et sa personnalité propres, tel est l'objet de la collection.